C David 4/5
Les mammites
L’élevage bovin en Ille et Vilaine est le plus important. Pour cette raison, nous nous sommes très vite intéressés aux mammites très préjudiciables au plan économique et hygiénique. L’infection sévit à l’état chronique dans beaucoup d’exploitations et souvent de manière inapparente.
La collecte de laits de mélange pour la recherche de la brucellose par le Ring test nous donna l’occasion d’examiner 774 exploitations du nord de l’Ille et Vilaine (1971).
73 laits montrant un excès de leucocytes (CMT++) furent ensemencés sur trois milieux : une gélose au sang et deux milieux spécifiques.
Les résultats furent identiques à ceux obtenus par l’INRA dix ans auparavant dans la même région : 40% de Streptococcus agalactiae ; 30% de Staphylococcus aureus. Il restait donc de sérieux efforts à faire pour sensibiliser les éleveurs à cette maladie subclinique et à son incidence sur la production et l’hygiène. L’article, suivi de deux ou trois autres, eut les honneurs de « Ouest-France » et surtout nous fit connaître comme l’un des laboratoires spécialistes de cette question.
Par la suite, des firmes pharmaceutiques comme Mérieux, Pfizer, Sanofi, firent d’importantes enquêtes pour l’essai de nouvelles molécules en vue de l’autorisation de mise sur le marché (AMM). Ce qui nous valut des milliers d’échantillons pour examen bactériologique, antibiogramme et CMI (concentration minimale inhibitrice). Ce fut aussi l’ébauche d’une collaboration avec le Laboratoire National des Médicaments Vétérinaires de Fougères qui se concrétisera 40 ans plus tard dans Agrobiopolis.
Les salmonelloses
Les placentas, conservés au congélateur, nous permirent de voir l’incidence des salmonelloses dans la région (environ 4%) par Salmonella dublin et, plus tard, Salmonella typhimurium. Le questionnaire rempli par les praticiens, montra dans les élevages en dehors des avortements, des septicémies et entérites chez les jeunes, des hépatites, des entérites parfois mortelles chez les adultes et une contamination probable des éleveurs (bulletin de la Société vétérinaire pratique).
Les avortements à Fièvre Q (Coxiella burneti) en représentaient environ 4%.
La listériose.
Responsable d’avortements et de méningites dans beaucoup d’espèces animales mais également chez la femme enceinte, les nouveaux-nés et toute personne immunodéprimée (greffes).
Le germe a été recherché dans 100 placentas, à la suite d’une augmentation sensible des avortements non-brucelliques début 1972, liée à une consommation importante d’ensilage de maïs à cette époque de l’année.
En janvier, nous avions 30% de cultures positives, en avril et juin, 17% puis 2% en septembre-octobre, période où l’ensilage n’est plus consommé. Résultats confirmés par la sérologie.
L’enquête, poursuivie l’année suivante, a ainsi révélé pour la première fois en France, une épidémie de Listériose qui a cessé progressivement par une utilisation plus rationnelle de l’ensilage. Deux articles ont été rédigés et les résultats exposés à l’Ecole de la Santé, à une réunion interrégionale des Groupements techniques vétérinaires et à l’Association bactériologique de l’ouest où ce travail fut présenté par le Dr Vre Maupas, doyen de la faculté de pharmacie de Tours (inventeur du premier vaccin contre l’hépatite B, mort accidentellement à 41 ans).
Les cas humains signalés (Pr Cartier) furent en légère augmentation après cet épisode (greffés).
Si les cas cliniques chez les bovins ont presque disparus, la contamination étant moins importante, le germe s’est cependant multiplié dans l’environnement et chez des animaux porteurs. Par le lait, la viande ou les personnes, il a été introduit dans les industries alimentaires (laiteries, charcuteries) d’où il est très difficile de le déloger. Des fromages ou des charcuteries infectés ont plusieurs fois défrayé la chronique. Des contrôles réguliers et des mesures de nettoyage et de désinfection draconiennes sont actuellement appliquées dans les usines.
La paratuberculose.
A une incidence économique considérable. Plus de 300 cas cliniques nouveaux sont diagnostiqués chaque année et ce n’est que la partie visible de cette infection, si l’on en croit les examens sérologiques. Sous la pression des éleveurs, la Fédération des groupements de défense sanitaire des animaux (FGDS) a mis en place dans les années 1980 un plan d’assainissement, difficile à appliquer en raison des très nombreux cas subcliniques.
Le laboratoire a fait trois études pour comparer les différentes techniques utilisées, parues dans le Point vétérinaire.
En 1986 : diagnostic expérimental de la paratuberculose-maladie.
En 1992 : paratuberculose bovine subclinique, estimation de sa prévalence par fixation du complément.
Et diagnostic de la paratuberculose fondé sur une technique d’amplification génique (PCR), comparée à la culture. Cette technique, très nouvelle pour l’époque et pleine de promesses, a été utilisée sur un grand nombre d’animaux (3 à 4000 par an) malgré son coût, grâce à la compréhension des responsables de la FGDS.
Ce travail fut présenté au congrès international de biologie vétérinaire à Lyon et publié au « Point Vétérinaire ».
Les maladies respiratoires des bovins.
Fin des années 1970, les nouvelles maladies virales émergentes ont nécessité la création d’un service de virologie. En particulier la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR), très contagieuse et virulente au début, apparue à la suite de l’importation de vaches Holstein américaines, suivie peu après par la maladie des muqueuses, maladie qui, outre ses localisations intestinales et pulmonaires, favorise par ses effets immuno-dépresseurs d’autres affections.
Le service de virologie dirigé par G. Bataillon publia quelques articles consacrés à cette maladie. Il isola aussi pour la première fois en France, le virus respiratoire bovin en 1986.
Ces virus sont souvent associés à des bactéries comme Pasteurella multocida et P. haemolytica et la nouvelle bactérie isolée à Rennes, Haemophilus somnus.
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