ASSOCIATION des DIRECTEURS RETRAITES des LABORATOIRES VETERINAIRES DEPARTEMENTAUX

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Le Laboratoire vétérinaire départemental, par Claude Chirol, rédaction achevée le 31 mars 2002.                            
 
L’histoire du Laboratoire vétérinaire départemental est longue et mérite d’être contée : 
C’est la loi du 21 juin 1898, devenue depuis l’article 2015 du Code Rural, qui permet la création, dans chaque département, du « service des épizooties » chargé de l’exécution de toutes les prescriptions de police sanitaire. Ce service est relayé rapidement par la Direction des Services Vétérinaires. 
Le ministre nomme un vétérinaire inspecteur auprès de chaque préfet qui doit mettre à sa disposition un bureau et une secrétaire. Ces dispositions seront maintenues officiellement, ni plus ni moins, jusque dans les années 1970.  
Parallèlement, les grandes épidémies de fièvre aphteuse amènent les directeurs des services vétérinaires à créer dans leur service des centres d’hémoprévention destinés à produire des sérums anti aphteux à partir de sangs ponctionnés à l’abattoir ou sur des animaux ayant subi la maladie. Cette méthode lourde et onéreuse a permis de protéger des animaux de prix en attendant la mise au point de vaccins efficaces. Ces centres sont les embryons de laboratoires qui, rapidement, ont été amenés selon les régions à remplir d’autres tâches demandées par les vétérinaires et les éleveurs. 
Dans beaucoup de départements, ces laboratoires dépendant directement du Directeur des Services Vétérinaires et ne possédant qu’une ou deux laborantines, se sont occupés d’analyses de lait et des premières analyses de viande demandées par les abattoirs sur les carcasses consignées. Mais le développement décisif de ces laboratoires s’est produit au moment de la mise en place des grandes prophylaxies d’Etat qui demandaient des analyses et en particulier celle de la brucellose. C’est à ce moment-là, dans les années 1960-1970, où presque partout en France, les départements ont construit, agrandi ou transformé leur laboratoire. 
 
Comment se présente au début des années 1960, un laboratoire de la Direction départementale des services vétérinaires ? 
Le mot « laboratoire » est parfois un bien grand mot, mais pas toujours. Il existe déjà des laboratoires fonctionnant utilement, mais ils sont rares. Le plus souvent, les examens sont peu nombreux ; le directeur du Laboratoire (ou le chef de laboratoire), recruté sur concours avec diplômes exigés signe les résultats et est placé sous l’autorité administrative du directeur des services vétérinaires. En son absence, les résultats sont signés par le directeur des services vétérinaires qui n’a pas toujours la compétence requise pour le faire. Celui-ci est le seul habilité à avoir des relations administratives (budget, recrutement du personnel, attribution de véhicules de service, etc…) avec les services préfectoraux et avec le Préfet, patron encore tout puissant du département. Le directeur du Laboratoire fait par écrit des propositions auprès du directeur des services vétérinaires, propositions qui sont transmises ou non à l’échelon supérieur. Il existe entre le directeur du laboratoire et les services préfectoraux un mur infranchissable sous peine de faute administrative, mur représenté par le directeur des services vétérinaires. 
Sauf exceptions déjà évoquées, le laboratoire se réduit à quelques pièces agencées sommairement, parfois en sous-sol et mal éclairées, parfois insalubres, non adaptées à un travail de laboratoire dans de bonnes conditions. Aucune protection valable n’est prévue contre les contaminations du personnel par les anthropozoonoses (brucellose, mais aussi chlamydiose, fièvre Q, etc.) et contre les pollutions chimiques (toluène par exemple, utilisé alors en histologie et autres produits dangereux). Le personnel est réduit au minimum ; parfois il n’est pas prévu de femme de ménage pour le ménage et la vaisselle. 
 
C’est dans ces conditions que, tout doucement, va commencer la prophylaxie de la brucellose (sérologie, mais aussi bactérioscopie à partir des enveloppes fœtales ou des avortons). Au début des années 1960, si ce n’est déjà fait, il apparait nécessaire en haut lieu, de mettre en place un laboratoire au sein de chaque direction départementale des services vétérinaires, ceci en vue d’aider le directeur dans sa lutte contre la brucellose. Cette mise en place, à l’exception de rares cas, a été pensée et réalisée sans plan précis, avec beaucoup d’irresponsabilité et d’imprévision, eu égard au danger que représente la brucellose pour la santé humaine. Rien de bien sérieux n’est envisagé et tout est laissé à l’improvisation sur le plan départemental avec comme maître à penser un directeur des services vétérinaires soit compétent et valable, qui aimerait œuvrer dans le bon sens et qui ne le peut pas toujours, faute de moyens, soit incompétent, que ce soit sur le plan administratif ou sur le plan technique, pour qui le laboratoire et les conditions de travail offertes au personnel ne sont pas de loin le premier de ses soucis, conscient toutefois de tout savoir et de tout pouvoir gérer sans qu’il y ait eu consultation du confrère vétérinaire biologiste, ne répondant pas le plus souvent à des demandes parfaitement justifiées et ne les transmettant pas aux services préfectoraux. A la mise en place des laboratoires vétérinaires dans les départements, personne, tant à l’Administration centrale que dans les départements, ne s’est préoccupé de savoir si les locaux étaient aptes au travail demandé, ne mettaient pas en danger la santé des personnels y travaillant chaque jour, si ces locaux bénéficiaient d’une aération suffisante en vue d’éviter les stagnations d’odeurs parfois très désagréables pour le laboratoire et l’environnement (autres services administratifs), etc.. 
Lorsque le personnel est atteint d’une brucellose particulièrement grave et invalidante, aucun responsable ayant pouvoir de décision ne se préoccupe le plus souvent de changer les conditions déplorables de travail. Certaine personne atteinte très sérieusement par la brucellose, a du attendre des décennies, malgré de nombreuses demandes, avant que cette maladie, devenue chronique avec de gaves séquelles, ne soit reconnue officiellement maladie professionnelle et ne donne lieu au versement d’une allocation mensuelle d’invalidité. 

 
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