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Dans les élevages industriels des veaux, les maladies respiratoires sont aussi très fréquentes. Elles surviennent à 2 ou 3 semaines et atteignent 10 à 25% de l’effectif. Des causes très variées, souvent liées aux conditions d’élevage favorisent l’implantation des germes, virus ou bactéries. Une importante enquête a été effectuée en 1994 sur ce sujet (publiée dans un dossier technique Sanofi). 725 examens effectués à partir de 45 tissus pulmonaires, 40 écouvillonnages et 120 aspirations transtrachéales ont montré que Mycoplasma bovis est le plus souvent à l’origine de la maladie, associé à Pasteurella multocida et Pasteurella haemolytica.
Les profils biochimiques ou métaboliques
Introduits au laboratoire en 1976, à la suite d’un stage à l’INRA.
Les profils sont faits sur un échantillon représentatif de 7 à 10 animaux pour juger l’état nutritionnel d’un élevage où existent des problèmes nombreux et variés, difficilement explicables autrement : infécondité, métrites, mammites, chute de production, boiteries, maladies des jeunes.
14 paramètres sont étudiés : hématocrite, minéraux (P, Ca, Mg, Cu, Zn), glucose, BOH butyrate, urée albumine, globuline, enzymes (GOT, GGT, GLDH). Les prélèvements (120 à 150 profils par an) provenaient de toute la France. (Bull. Soc. Vét. Pratique, ENVN, ENVA, GRTV).
Congrès international de la brucellose Alger 1983
Présentation d’un travail intitulé « isolement indirect de Brucella abortus par inoculation à la souris à partir des placentas ».
En 1982, la brucellose était en nette régression mais les laboratoires étaient confrontés à des diagnostics plus difficiles. La méthode habituelle (bactériologie-sérologie) connait des défaillances et la culture sur milieux sélectifs à partir de prélèvements contaminés est décevante. La méthode officielle préconisée dans les cas difficiles est l’inoculation au cobaye suivie de culture de la rate et du foie. Les nombreux essais faits à Rennes montrent que la souris est un bien meilleur réactif, moins coûteux, plus rapide (3 à 7 jours au lieu de 15 jours) et plus sensible. Cette méthode a depuis été adoptée par le laboratoire de référence de la brucellose à Alfort.
L’acide hyaluronique
Fin des années 80, M. Nogrist, vice-président du conseil général et M. Blanchard du CRITT (centre régional d’innovation et de transfert de technologies) sont venus me faire une proposition intéressante que j’ai acceptée sans hésitation.
La mission de M. Blanchard, ingénieur-chimiste était de rechercher dans la bibliographie des projets d’innovation. Il venait de trouver la traduction anglaise d’un article japonais faisant état de la production d’acide hyaluronique par un procédé de fermentation plus efficace et d’un coût très inférieur à l’extraction habituelle à partir de crêtes de coqs. Le germe utilisé est Streptococcus equi, responsable de la gourme du cheval. C’est ainsi qu’il a pensé au laboratoire vétérinaire départemental pour la mise au point du procédé. Le travail, confié à M. Bonnier, responsable du service de bactériologie, aidé plus tard par une jeune stagiaire du CRITT, Nathalie Le Taconoux, a été de choisir les souches productrices et les meilleurs paramètres de fermentation. Actuellement, la production industrielle est réalisée par la société Javenec (HLD) de Fougères, à partir d’une souche isolée et conservée dans notre laboratoire depuis une vingtaine d’années. L’acide hyaluronique, de valeur ajouté très élevée, a des applications nombreuses en cosmétologie et surtout en dermatologie et rhumatologie.
Mission au Paraguay, 1980-1981
A la demande du Pr Pilet, directeur de l’école nationale vétérinaire d’Alfort, j’ai effectué une mission de coopération au Paraguay sur la question de la brucellose pendant un mois (1980-1981).
Le but de la mission était de voir l’état des lieux, d’exposer le plan de la prophylaxie en France, de proposer d’éventuelles mesures qu’il serait souhaitable de prendre, d’améliorer les techniques de laboratoire (fixation du complément, culture) et d’évaluer le vaccin B19 fabriqué par le laboratoire Von Ferrein (ami du dictateur Strossner) dont l’efficacité était mise en doute par les vétérinaires et les éleveurs.
Le dénombrement par culture du vaccin montra un nombre très insuffisant de germes viables (mille fois moins). Résultat confirmé par le laboratoire du Pr Pilet.
Cette mission me donna l’occasion d’être reçu par le ministre de l’agriculture, l’ambassadeur de France et d’autres personnalités et de visiter des lieux très intéressants, en particulier l’impressionnant barrage d’Itaipu, en cours de finition entre le Brésil, l’Argentine et le Paraguay.
Centre E. Marquis, Laboratoire d’immunologie
Les Brucelles sont des germes intracellulaires persistant dans les macrophages de l’organisme, provoquant une immunité à médiation cellulaire, c'est-à-dire une forte mobilisation et multiplication des lymphocytes T. D’où l’idée d’utiliser cette propriété pour lutter contre le cancer. Les recherches faites sur les souris, sous la direction du Dr Toujas, élève du Pr Mathé de Villejuif, utilisaient une souche vaccinale de brucelles (B19) cultivée et dénombrée dans notre laboratoire. Les résultats encourageants publiés dans des revues françaises ou de langue anglaise, n’ont pu aboutir, faute de moyens. Des essais similaires avaient été faits aussi par d’éminents scientifiques utilisant d’autres bactéries intracellulaires : corynébactéries, Listeria, mycobactéries (BCG.ART bacille acido-résistant de la tortue). L’immunothérapie, qui a fait des progrès considérables depuis, est un des moyens qui suscite le plus d’espoir dans la lutte contre le cancer. Le 12 octobre dernier, le Dr Eric Vivier, directeur du Centre d’immunologie de Marseille (300 personnes), Professeur à la Faculté de Médecine et praticien hospitalier, a reçu sous la coupole de l’Institut le grand prix Turpin de Cancérologie de l’Académie des Sciences pour ses travaux sur les lymphocytes NK « natural killer ».
Ma vie professionnelle
S’est arrêtée le 1er octobre 1996, à 66 ans. J’ai eu un métier passionnant dans tous les domaines et la chance d’avoir des collaborateurs très motivés. Je leur en suis très reconnaissant.
Le laboratoire a évolué, c’est normal. Avec le laboratoire agricole, il est devenu « laboratoire départemental d’analyses », puis « institut Santé Agro Environnement » (ISAE). Lié au Laboratoire National des médicaments vétérinaires dans le cadre de BIOAGROPOLIS à Fougères (8100 mètres carrés en construction) il peut prétendre à un grand avenir, que je lui souhaite de tout cœur en ce début d’année.
Rédaction achevée le 3 janvier 2011, par Claude David