C David 3/5
Depuis, les réunions du comité se passent normalement, dans un ordre quasi immuable : rapports d’activité et financier, projets, demande de personnel et de matériel, budget prévisionnel. Le LVD a pu s’équiper progressivement de matériels performants et recruter des techniciens de bon niveau en nombre suffisant, selon les besoins.
Le nouveau laboratoire, cinq ou six fois plus grand que le précédent (1000 mètres carrés environ) permit des conditions de travail plus agréables. Les différentes activités étaient séparées dans des salles distinctes bien équipées et sécurisées : la salle de sérologie brucellose reçut des robots permettant plus de mille examens sérologiques par jour. Les prophylaxies et l’étude des avortements brucelliques purent donc continuer sans difficultés majeures et sans contamination (il y en eut treize, heureusement traitées à temps pour la plupart).
De même, le labo pouvait répondre à la demande croissante d’examens chimiques et bactériologiques des aliments du secteur public ou privé (autocontrôles) en nette augmentation avec le développement de l’industrie agro-alimentaire et la restauration collective. Le Duff de Brioche Dorée fut à ses débuts un de nos clients pour sa première société Restaurel.
La recherche des anabolisants renforça le service de chimie en personnel et matériels les plus performants : spectrophotométrie de masse, chromatographie gazeuse, HPLC…etc. Madame Carrié, Dr es Sciences, recrutée en 1984, en était responsable.
Si les LVD furent créés par les Services Vétérinaires pour les seconder dans leurs missions, ils répondaient en fait à un besoin beaucoup plus étendu et leur développement suivit celui des grands élevages des animaux de rente. Le rassemblement, la concentration d’un grand nombre d’animaux dans un espace restreint, animaux d’origines diverses, apportant leur propre microbisme, le souci d’une rentabilité maximale, une alimentation monotone, les stress divers ont créé les conditions d’une pathologie de groupe entièrement nouvelle.
C’est ainsi que, chez les porcs, sont apparues successivement des maladies inconnues jusqu’alors et pas n’importe où : pour la première fois, à Hénanbihen (22) où la concentration était la plus importante de France.(C’est là que le hasard a voulu que je fasse mon assistanat en 1953). Rhinite atrophique (Pasteurella multocida) ; Pneumonie enzootique (mycoplasmes) ; maladie d’Aujesky (herpès virus) devenue maladie légalement contagieuse et, plus tard, diverses autres maladies virales (GET, DEP, SMEDI, parvovirus, myxovirus, ..etc.).
De même pour les élevages avicoles, ce qui explique le développement rapide et important du laboratoire de Ploufragan (22) : 150 personnes en 1995.
Chez les bovins, en particulier en Ille-et-Vilaine, premier département laitier de France, des maladies anciennes se sont développées de manière chronique et inapparente souvent, mais avec un impact économique et hygiénique important. C’est le cas des mammites et de la paratuberculose. D’autres maladies, inconnues jusque là dans la région, sont apparues liées à une alimentation nouvelle : la listériose par l’ensilage ou suite à des échanges internationaux, souvent des maladies virales : IBR, maladie des muqueuses, VRS, …etc.
Une nouvelle bactérie pathogène, responsable de troubles respiratoires et neurologiques a été découverte pour la première fois en France au laboratoire de Rennes en 1989 : Haemophilus somnus. Des articles en ont fait état dans quelques revues professionnelles : Point vétérinaire, Bull. académie vétérinaire, Recueil de médecine vétérinaire, Semaine vétérinaire, etc…
L’Etat ne pouvant prendre tout en charge, ce sont souvent les organisations d’éleveurs (FGDS) qui ont géré au début ces situations avec l’appui, bien sûr, des Services Vétérinaires et des vétérinaires praticiens. Pour toutes ces maladies, le recours au laboratoire était indispensable, avec tous les moyens dont il disposait : autopsie, parasitologie, sérologie, bactériologie, biochimie et plus tard virologie dont le besoin se faisait sentir. Un vétérinaire, virologue expérimenté fut recruté en 1980, G. Bataillon, et une extension de 400 mètres carrés fut construite en 1989, pour abriter le nouveau service et la bactériologie alimentaire.
Il fallait aussi que soit reconnue la responsabilité totale du directeur rendant compte devant le Conseil Général de son activité et de l’exécution du budget. C’est en fait ce qu’avait voulu le Préfet Philip en créant le comité de surveillance, plus tard justement nommé Conseil d’orientation. La loi de décentralisation de 1982 donna au laboratoire son indépendance.
Outre la direction, j’avais gardé dans mes attributions le « diagnostic », avec en particulier la bactériologie (secondé par M. Bonnier, promu ingénieur en 1991) et la biochimie. En 1990, un nouvel adjoint fut recruté : le Dr Vre Lacour, à qui fut confiées entre autres, la sérologie et la bactériologie alimentaire. Il devait me succéder en 1996. En 1995, le recettes du laboratoires
étaient d’environ 13 millions de francs et la subvention d’équilibre du département, stable depuis quelques années, en dessous de 2 millions. Le personnel comprenait 56 personnes dont une dizaine de l’Etat.
Quelques activités, enquêtes ou évènements
qui ont marqué la vie du laboratoire … et la mienne
Brucellose humaine
Les membres du comité de surveillance souhaitaient connaître l’incidence de la brucellose animale sur les personnes exposées. L’étude a été effectuée au LVD de 1975 à 1980 sous la direction du Pr Zourbas, sur un échantillon représentatif de 748 personnes (vétérinaires, personnel d’abattoir et des services vétérinaires, agriculteurs) déterminé par sondage.
Elle s’est appuyée sur un questionnaire, sur des intra-dermo à la mélitine et sur des examens sérologiques (SAW, FC’ et RB) faits à notre Labo (agrément DASS N°35/53).
Les résultats furent : à l’IDR (brucellose ancienne) 90% de vétérinaires positifs, 66% d’agriculteurs, 50% d’ouvriers d’abattoirs, 30% d’agents des services vétérinaires.
L’examen sérologique a révélé 164 brucelloses évolutives dont 82 avec signes cliniques (arthralgies, asthénie, fièvre). Cette enquête a été publiée dans plusieurs revues françaises ou anglaises.
Par la suite, nous avons fait pour la Mutualité Sociale Agricole (MSA, Dr Pellé) plus de 4000 sérologies humaines par an.
Les maladies porcines
Bien que les élevages soient moins développés que dans les Côtes d’Armor, ils étaient l’objet d’une activité non négligeable, essentiellement pour les maladies digestives (colibacilles, tréponèmes, GET…) ou respiratoires ( mycoplasmes, pasteurelles, haemophilus, actinobacillus) et streptococcies chez les jeunes. Nous avons suivi pendant plusieurs années l’évolution de la maladie d’Aujesky devenue maladie légalement contagieuse (Enquête Pr Toma).
Une des activités importantes était aussi la fabrication d’autovaccins demandés par les éleveurs pour les maladies bactériennes.
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