J Rivière 3/3
Poursuivie sur plusieurs années, cette pratique nous a donné l’occasion de rassembler un grand nombre de résultats et a créé des liens avec un bon nombre d’entreprises de transformation agro-alimentaire qui ont découvert l’intérêt de cet outil de suivi des caractéristiques cachées du produit.
En l’absence de textes réglementaires précis à cette époque (pour les critères), c’est le code des usages de la Charcuterie qui nous servait de référence. Chaque campagne donnait lieu au rendu de résultats sous forme de tableau commenté à l’adresse des vétérinaires de terrain et contribuait ainsi un peu à leur formation.
Dans ce domaine d’activité, le laboratoire a développé une activité de pionnier pour gérer et contrôler la qualité des résultats d’analyses qu’il produisait : en effet, la bactériologie n’est pas une science parfaite et bien souvent d’apparentes contradictions viennent jeter une ombre sur la fiabilité des résultats, surtout lorsque ces derniers se situent de part et d’autre de la valeur considérée comme « limite ».
Cette question très intéressante nous a poussés en collaboration avec le service IDAOA de l’école vétérinaire (Professeur Jacques ROZIER puis Professeur Vincent CARLIER ) et le Centre technique de la Charcuterie et de la salaison de Maisons-Alfort à essayer des intercomparaisons puis à définir les conditions dans lesquelles on pouvait préparer des échantillons témoins artificiellement contaminés pour permettre aux laboratoires de microbiologie alimentaire de mieux gérer la qualité de leurs résultats.
Les laboratoires Vétérinaires de l’ile de France puis tous ceux qui l’ont souhaité, ont participé à la mise au point de cette entreprise audacieuse réalisée sous le patronage de deux associations : l’Adilva et l’AVHA –association des vétérinaires hygiénistes de l’alimentation- qui ont créé ce Réseau d’analyses et d’échanges en microbiologie des aliments (« RAEMA »).
Il existe toujours et est effectivement le plus ancien réseau d’intercomparaison dans ce domaine. Pendant plusieurs années ces deux associations ont assuré la cogestion de Raema qui a longtemps été le seul dans ce secteur de l’intercomparaison microbiologique.
Quelques années après, le concept de qualité que Raema avait effleuré devenait une ardente obligation pour les laboratoires d’essais, ou tout au moins une obligation explicite et formulée : la qualité devait être assurée.
L’accréditation des laboratoires par le Cofrac allait devenir obligatoire en pratique pour travailler dans ce secteur et, progressivement, dans tous les autres. Le laboratoire de Seine-&-Marne s’est attelé à cette tâche avec exclusivement ses moyens propres, ce qui a dégagé de nouvelles fonctions dans nos rangs et été d’autant plus motivant pour le personnel qui s’était vraiment approprié le système.
L’accréditation sur le programme 59 (Analyses microbiologiques de produits alimentaires) a été obtenue sans problème.
Le rattachement du Laboratoire à la structure départementale, pour l’application de la décentralisation, s’est traduit quelques années après par la séparation matérielle d’avec la DS.V. dont la présence dans les locaux avait été jugée incompatible avec les obligations de l’accréditation.
L’évolution suivante dans le travail du laboratoire a été dès 1995 les prestations de services liées aux nouvelles obligations réglementaires des établissements préparant ou manipulant des denrées alimentaires : audit, formation du personnel, contrôle des processus.
Dans le même temps, les obligations administratives de l’établissement, promu au rang de direction départementale, devenait de plus en plus lourdes : l’effectif du personnel était arrivé à une vingtaine de personnes, mais ne pouvait assumer la variété de toutes les tâches techniques et administratives, intérieures et extérieures.
Le directeur que j’étais a eu des scrupules à abandonner l’équipage dans cette situation mais l’heure de ma retraite avait sonné (2005).
Après mon départ, le département a choisi dans un premier temps de fusionner dans une seule structure le laboratoire vétérinaire et celui des eaux , «pour mutualiser et optimiser l’utilisation des ressources »,
puis de supprimer de son programme de travail tout ce qui concernait les analyses de santé animale, (2006)
et enfin de fermer purement et simplement le laboratoire vétérinaire départemental qui avait ainsi été vidé de toute sa substance ; le personnel ayant été reversé dans les autres services du Département (2010).
C’est ainsi que sur le temps de la carrière d’une seule personne, le Laboratoire des services vétérinaires a pu naître, vivre et se développer et se diversifier puis laisser sa place à d’autres préoccupations… en me laissant le regret de ne pas avoir su léguer un héritage utile à la collectivité que je croyais convaincue de l’intérêt de nos missions pour le service public…
Leçon d’humilité ; nous ne sommes pas indispensables ; puissions-nous seulement avoir été utiles….
Rédigé en novembre 2016 par Jacques Rivière, premier et dernier directeur du laboratoire vétérinaire départemental de Seine-&-Marne, pour servir et valoir ce que de droit…..
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