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L’implantation de ces laboratoires dans les départements a fait que les Conseils Généraux qui ont bien voulu donner les moyens à ce Service ont souvent unifié différentes activités. C’est ainsi qu’un laboratoire vétérinaire départemental ou laboratoire départemental d’analyse peut être chargé selon la demande locale de santé animale, d’hygiène alimentaire, d’hydrologie (eaux d’alimentation et eaux usées), d’œnologie, d’analyses des terres, d’analyses de biologie humaine, de pathologie comparée, de production de vaccins, de formation de personnel en particulier en agro-alimentaire, de mise en place de système HACCP dans les entreprises, etc…
Certains laboratoires n’existent plus : en effet, très vite est apparue la notion de rentabilité, préjudiciable au service public. Malgré la libération des prix, dans les années 1980, certains directeurs de laboratoires n’ont pas su faire adopter des taris correspondant aux prix de revient des examens et tendre à l’équilibre financier de leur activité. Leur laboratoire a disparu par manque de rentabilité et incompréhension du Conseil Général. D’autres causes diverses sont également à l’origine de la disparition de certains laboratoires ou de la mise à l’écart de leur directeur, remplacé par un nouveau venu.
Ces dernières années ont vu l’apparition de nouveaux contrôles biologiques ou chimiques en santé animale et surtout en hygiène alimentaire, concernant l’encéphalite spongiforme bovine, la tremblante du mouton, les pesticides, la dioxine, les métaux lourds, les antibiotiques, les aflatoxines, la bactériologie (Listeria, Campylobacter, Legionella). Pour la plupart de ces recherches, les laboratoires départementaux vétérinaires sont parfaitement compétents et ont même acquis les accréditations correspondantes. Cependant, le Ministère de l’Agriculture qui est demandeur de ce type ne les protège pas et ouvre la concurrence aux laboratoires privés qui sont à l’affût de nouvelles analyses rentables. Confier ces analyses officielles de salubrité publique aux laboratoires privés, c’est faire fi de la rigueur, de la compétence reconnue, de l’honnêteté intellectuelle et du sens du service public qui sont l’apanage des laboratoires départementaux. C’est aussi inciter les différents laboratoires à baisser leurs tarifs d’intervention au détriment de la qualité des analyses qui doivent rester inattaquables en matière de santé publique. Il est à signaler que certains laboratoires privés, sans que le législateur s’en soit ému à un moment quelconque et s’en soit préoccupé malgré des remarques appuyées faites par certains, ont à leur tête des individus peu scrupuleux n’hésitant pas à donner des réponses « au stylo ». Il y a là un malaise. L’accréditation par le COFRAC ne peut qu’apurer cette situation anormale qui n’a que trop perduré. L’accréditation est un progrès ; elle assure une excellente qualité des examens effectués. C’est une reconnaissance des laboratoires compétents, mais il ne faudrait pas qu’en matière de recherche de la qualité, le mieux soit l’ennemi du bien. Il y a peut-être quelques modifications mineures à apporter dans les protocoles ; les charges de travail des laboratoires accrédités sont devenues très lourdes. Il y a là matière à réflexion.
L’histoire des laboratoires vétérinaires départementaux, c’est un épisode douloureux, un immense gâchis par suite de l’incompréhension, de l’indifférence, de la mesquinerie, de la jalousie de certains. C’est aussi, grâce à la ténacité et au travail accompli par la plupart des directeurs de laboratoire une grande réussite sur le plan national. Les laboratoires départementaux d’analyse sont devenus des outils indispensables, au même titre que les laboratoires nationaux. Ils permettent les uns et les autres de maintenir une bonne santé des animaux et une bonne hygiène sanitaire des aliments ainsi qu’un meilleur contrôle de l’environnement. Ils participent ainsi pleinement à la protection sanitaire officielle des cheptels.
Il est regrettable qu’une bonne collaboration n’ait pas pu s’établir dans tous les départements français entre directeurs des services vétérinaires et directeurs des laboratoires, qui sortaient des mêmes écoles. Elle a parfois existé, cette bonne collaboration ; elle a alors été fructueuse, mais cela n’a pas été la règle. Actuellement, du fait du problème de la rentabilité, les relations entre laboratoires d’analyses ne sont plus de ce fait semble-t-il, les mêmes que celles qui existaient dans les années 1960 et 1970 et c’est bien dommage.
Cette histoire, c’est en plus de quarante ans, un long cheminement qui, après de nombreuses difficultés, tâtonnements, va de l’improvisation pure à un effort certain de construction et de codification. Cette évolution positive permanente des laboratoires est la traduction de leur grand pouvoir d’adaptation au service du public. Qu’un hommage soit rendu à tous ceux qui directement ou indirectement ont œuvré dans le bon sens.
Le 31 Mars 2002, Claude Chirol.
Avec la collaboration de Christian Bordas, Jacques Brocas, Claude Chasteloux, Michel Le Guilloux.
Mes remerciements à Christian Bordas, Jacques Brocas, J-M Charles, Claude Chasteloux, Jean Gledel, R. Lafon, G. Lauzet, Michel Le Guilloux, André Millet, J.A. Nicolas, M. Rivé, R. Sendral, A. Strohl et A. Vuillaume, qui très amicalement par téléphone ou par lettre m’ont apporté leur témoignage et/ou des précisions importantes.
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