ASSOCIATION des DIRECTEURS RETRAITES des LABORATOIRES VETERINAIRES DEPARTEMENTAUX

L’AIN DES PLAISIRS A VIVRE Du 28 mai au 1er juin 2019

Jeudi 30 mai - Brou et Jujurieux -
texte sculpté par JM Guéraud
Programme
Bresse et Dombes
Monastère de Brou
Sylans, Oyonnax
Bourg en Bresse
VétoVermeil
Photo
Jeudi 30 mai, nous avons rendez-vous avec Julie, notre guide, au monastère royal de Brou
Ce chef d’œuvre gothique flamboyant est composé de trois cloîtres, d’une église funéraire et des appartements de Marguerite d’Autriche.

 

Marguerite d’Autriche née à Bruxelles en Pays Bas Bourguignon, le 10 janvier 1480, fille de Maximilien Ier et de Marie de Bourgogne, elle a pour grand père Charles le Téméraire, duc de Bourgogne.  

A deux ans elle perd sa mère et c’est Anne de Beaujeu, fille aînée de Louis XI, qui va l’élever sur les bords de Loire à Amboise ; parmi ses compagnons de jeu se trouve un Philibert de Savoie...

A la mort de Charles le Téméraire en 1477, elle reçoit la régence de Bourgogne  et des Pays Bas et, se trouve être la tante de François Ier et de Charles Quint.

En 1483 elle « épouse » Charles VIII fils de Louis XI mais, pour des raisons politiques, celui-ci va la répudier en lui préférant, Anne de Bretagne, elle a alors onze ans.

Elle regagne les Pays-Bas et son père, dans le but de lutter contre la France, se rapproche des rois catholiques.

Il va négocier deux mariages :

- celui de son fils avec Jeanne de Castille dite « Jeanne la Folle »

- celui de Marguerite avec l’Infant d’Espagne héritier des royaumes de Castille  et d’Aragon.

Mais, Jean d’Aragon gravement malade, va mourir dans sa vingtième année le 4 octobre 1497.

Veuve à 17 ans, Marguerite accouche d’une fille morte–née.

En 1500 elle rejoint Bruxelles et se remarie en décembre 1501 avec Philibert II dit le Beau. Il est duc de Savoie, fils de Marguerite de Bourgogne.; elle l’aime passionnément  et ils vont s’installer au château de Pont d’Ain en 1502.

 

Philibert  va décéder le 10 septembre 1504, à 24 ans, après avoir bu de l’eau glacée lors d’une chevauchée de chasse près de Pont d’Ain.

Les années de jeunesse de Marguerite vont  donc se terminer à Brou, sa période heureuse n’aura duré que  trois ans ; toutefois elle a appris à gérer le duché en s’imprégnant des subtilités politiques et la Savoie va sortir de l’orbite française pour entrer dans celle de la maison de Habsbourg.

 En 1506 son frère meurt à son tour ; Marguerite va alors se retirer à Malines  aux Pays Bas espagnols qu’elle gouvernera pendant vingt-cinq ans (Belgique et Pays Bas actuels).

Son père tente en vain de la remarier avec Henri VII Tudor mais elle s’oppose fermement et choisit de porter le deuil pendant ses vingt-cinq dernières années.

En mars 1507 elle devient régente de Pays Bas pour le compte de son neveu Charles qui a six ans. En 1515, il s’émancipe puis se fait élire empereur.

 

Vexée, Marguerite se retire à Malines mais en 1519 elle récupère le gouvernement  des Pays Bas, charge qu’elle gardera jusqu’à sa mort. Charles Quint et François Ier vont se « chicaner », elle soutient Charles mais, avec sa cousine Marie de Luxembourg elle cosigne la paix des Dames ou traité de Cambrai.

Par ses fiançailles et ses trois mariages Marguerite possède une fortune considérable, de nombreux comtés, jouit d’un douaire en rente de la couronne de Castille (20 000 écus par an) et d’un douaire de la Savoie (12 000 écus par an).

Tout cela lui permet de mener une politique de mécénat intense (écrivains, musiciens, peintres, tapissiers, verriers…) et sa plus grande œuvre fut le monastère nécropole de Brou.

 

 

Les galeries de photo défilent
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Marguerite d’Autriche fille d’empereur, descendante des Habsbourg et de la maison de Bourgogne devait se montrer digne de son ascendance.
 
Ainsi Brou a été élevé autour d’une histoire d’amour et de mort : il fallait surpasser les tombeaux des Bourgogne, celui de son père Maximilien et celui des parents d’Anne de Bretagne prévu dans la cathédrale de Nantes.
Elle choisit comme architecte Louis van Bodeghem pour bâtir le monastère royal de Brou.

Joyau gothique flamboyant, ce monument rassemble dans ses moindres détails le raffinement de la sculpture flamande et on ne peut que s’extasier devant un tel chef d’œuvre.
Marguerite l’a voulu ainsi et, depuis Mines elle conduit les travaux en faisant appel aux artistes les plus réputés de l’Europe du Nord. 
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Le monastère composé de trois cloîtres est édifié de1506 à1512.Le premier est celui des hôtes, le second est réservé à la prière et la méditation, le troisième répondait aux besoins de la vie domestique.  


Les Augustins y sont logés afin de prier pour le repos des défunts ; les Augustins sont préférés aux Bénédictins cf bulle du pape, peut-être pour « contrer » l’inhumation de Philippe Ier à St Benoît-sur-Loire… ? (NDLR : Philippe a eu une vie fort tumultueuse quant au nombre de ses épouses ; lui-même ne se jugeait pas digne d’être enterré à Saint Denis… !).

 
Une seconde église à vocation paroissiale fut également construite dans la ville de Brou Bourg comme le souhaitait Marguerite ; ceci a été l’objet d’une seconde bulle (Marguerite devait être femme de caractère…). 


L’église funéraire sera édifiée de 1513 à 1532 mais Marguerite ne la verra pas achevée car elle décède le 30 novembre 1530 ; sa dépouille sera ramenée à Brou deux ans plus tard pour reposer sous le pavage du chœur, aux côtés de son époux Philibert et de sa belle-mère Marguerite de Bourbon. 


En calcaire de Revermont elle étincelle, sa toiture et ses tuiles vernissées la font voir de loin. De belles dimensions, 70 x 30m, 20m sous clef de voûte elle est illuminée par de grandes baies incolores. 

Cloitre 2e photo au passage de la souris
Un imposant jubé de pierre (cinq en France) avec sa lourde porte en chêne sépare la nef du chœur. Avec ses trois arcades en anse de panier il est richement sculpté voire finement ciselé (végétation de pierre exubérante, feuille de chou frisé, vigne, chêne, symboles du couple ducal) ; il annonce les splendeurs du chœur.  
Les 32 stalles en chêne sont réparties le long des deux travées du chœur, elles montrent le maniérisme flamand alors que les miséricordes sont l’œuvre du Bressan Berchod.
Les dessins des trois tombeaux furent réalisés par Jan Van Roome avant juillet 1516. Des sculpteurs brabançons en ont exécuté l’architecture et les statuettes ; les grands gisants et les angelots ont été confiés à Conrad Meyt et ses aides. 


Le tombeau le plus simple est celui de Marguerite de Bourbon, installé en enfeu, sorte de niche funéraire dans le mur sud. Vêtue d’un manteau de cour, la tête sur un coussin, les pieds appuyés contre une levrette (signe de fidélité) ce gisant est entouré de nombreux pleurants et d’angelots. 
 
Le tombeau de Philibert le Beau, au centre du chœur, est à deux étages comme celui de son épouse Marguerite d’Autriche. Le personnage en marbre « au vif » (ou gisant), en costume de cour, surmonte le défunt nu dans son linceul « image de la mort » (ou transi) sculpté à l’étage inférieur. Cette scène rappelle le « memento mori » auquel nous sommes tous appelés ainsi que la vanité de la vie terrestre. Le soubassement offre un riche décor flamboyant avec des niches et leur dix Sibylles figurant des prophétesses de l’Antiquité païennes censées avoir prédit la venue du Christ. 
 
 
Le tombeau de Marguerite d’Autriche évoque un majestueux lit de parade à baldaquin ; il comporte de nombreuses statuettes de saints et de saintes, de multiples détails architecturaux festonnés de feuilles de chou frisé, les initiales P et M et sa devise « Fortune Infortune Fort Une ». Le gisant est en marbre, le transi en albâtre et la guide nous signale que Marguerite de Savoie n’avait qu’une jambe. 
 
Le chœur est illuminé par cinq fenêtres. Au centre Marguerite et Philibert avec leurs saints patrons ; les « deux volets » qui les entourent sont composés des écussons représentant l’ascendance des deux époux. 

La chapelle privée de Marguerite d’Autriche possède un vitrail consacré à l’Assomption et un monumental retable d’albâtre représentant les sept joies de la Vierge ; la chapelle est complétée par deux oratoires, le second est accessible par la galerie du jubé en donnant accès aux appartements de Marguerite. 
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Comme Merkel ou May, cette initiale nous laisse rêveur quant à l’avenir de l’Europe qui, après plus de quarante années de fiançailles n’a pu consommer. Marguerite d‘Autriche savait déjà où elle allait, sa devise résume bien sa détermination.
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Après un agréable repas à la ferme auberge la Jonquillière à Tossiat nous repartons pour Jujurieux où se situent le musée de l’industrie et de la soie.
En 1835, Claude- Joseph Bonnet patron d’une maison de soieries lyonnaises à Lyon ouvre à Jujurieux une usine qui évolue jusqu’au XXème siècle vers le modèle d’une cité ouvrière paternaliste.

L’idée première était de maîtriser la qualité du fil destiné à la préparation des soies.

La main d’œuvre féminine et rurale est moins chère et plus docile que celle des villes. Les Sœurs de Bourg-en-Bresse encadrent strictement les jeunes filles dans cette usine pensionnat qui compta jusqu’à 1200 ouvrières dont 644 internes en 1896. Une « maison de famille » pour demi-pensionnaire est notée à la fin de 1920.
L’organisation sociale se met en place autour de magasin d’habillement, d’alimentation, de maisons, de cités ouvrières, d’une crèche garderie, d’une caisse d’épargne, d’une caisse d’allocations familiales et d’un service d’autocars et de tramways jusque dans les années 1950 après la fermeture du pensionnat en 1945. 

Les sources d’énergie utilisées étaient la vapeur, une roue hydraulique et quatre chaudières au charbon, puis vint l’électricité. 
Les tâches administratives sont, dans un premier temps, occupées par des hommes, les cols blancs. Une centaine d’hommes de tout corps de métiers se charge de la maintenance du matériel. 

Pendant l’été les cocons de ver à soie sont triés puis étouffés pour tuer la chrysalide. Au long de l’année ils sont ébouillantés pour dévider le fil qui va être mouliné. Torsions et assemblages vont lui donner sa contexture, la solidité et la grosseur souhaitées.  
Le ver à soie est la chenille du bombyx mori, papillon né d’un cocon de soie. La femelle pond 4 à 600 œufs dénommés « graines » qui vont donner naissance à des larves se nourrissant de feuilles de mûrier.
En un mois elles passent de 3mm à 8cm au stade de L5 ; alors le temps de la chrysalide est venu et le cocon est filé, il est d’un seul brin allant de 800 à 1500 mètres. Après l’échaudage, le dévidage et le moulinage il est transféré sur des bobines ou roquets placés sur des tavelles.  

 Le tissage peut être entrepris avec l’entrecroisement perpendiculaire du fil de trame (longueur) et du fil de chaîne (largeur) sur fond de bruit de claquement des navettes. Le tissage était manuel au début, confié aux Canuts de Lyon.  

En 1804 Jacquard va mécaniser cette opération. Claude-Henri Bonnet fait sa réputation dès 1810 avec les tissus unis noirs, taffetas, satins et failles, qui sont tous d’une qualité irréprochable.

Avec son parc de métiers Jacquard, la maison Bonnet ouvre des comptoirs à l’étranger en mettant en œuvre de nouveaux savoir-faire liés à l’exécution des tissus façonnés : le dessinateur textile crée le motif de l’étoffe qui sera ajusté en longueur et en largeur, c’est la « mise au net » qui va conditionner la mise en carte. Cette opération permet de repérer, sur papier quadrillé, chaque croisement de fil de trame et de chaîne. Ainsi le dessin sera réalisé lors du tissage. Dans l’atelier de lisage les cartons perforés sont élaborés ils rappellent ceux des limonaires.
Tissus unis, façonnés, imprimés, velours… la maison Bonnet va diversifier ses créations entre les deux guerres. Dès 1920 un département de tissus pour cravates est développé à Lyon puis vinrent les foulards de luxe sur fond de mousseline de soie peint-main à partir de 1970. 

A la cession d’activité en 2001, la Communauté de Communes et le Département se mobilisent pour sauver ce patrimoine industriel.
Au retour, le cellier Lingot- Martin à Poncin nous propose à la dégustation son vin rosé pétillant Bugey-Cerdon accompagné de la galette bressanne.

 Les crus gamay pouland servent à l’élaboration de ce vin dont la fermentation, contrairement au champagne, est bloquée.

Il est travaillé à la température de 6°C son taux d’alcool se situe entre 8 et 9 degrés.  
Dégustation de Bugey-Cerdon
au passage de la souris
2e photo 
La majorité des dégustateurs repartit avec son carton… 
Clichés Marie Noëlle Filleton, Jean Jacques Rodot, Jean Louis Malo, texte sculpté par JM Guéraud le, 10/06/2019
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