Un cromlech dans le Nord/Pas-de-Calais
par Jacques Catel (page 2)
Le dolmen d’Hamel est connu aussi sous le nom de « pierre Chavatte ».
Sur la table du dolmen on observe 8 cavités ressemblant à l’empreinte d’un coup de talon de savate (chavatte en patois), et à côté des cupules (comme des petits pots).
Il y a également des rigoles.
Traces de « pas » et « empreintes de talons » sur la table du dolmen
La légende y voit une table de sacrifice humain.
Le dolmen s’appelle aussi « la cuisine des sorciers », ou « la cuisine des fées », d’autant plus que le lieu-dit s’appelle le bois Saturne.
Selon une hypothèse développée en 1923, il s’agirait de la représentation de la constellation de La Grande Ourse.
Le menhir de Lécluse s’appelle aussi « pierre du diable ».
Il y aurait sur la face tournée vers Hamel (donc à l’est) 3 petites rigoles qui seraient dues aux griffes du diable !
Là également on retrouve la trame classique des légendes : un fermier a passé un pacte avec Satan. En échange de son âme, il a mis au défi le diable de reconstruire en une nuit une grange suffisamment vaste pour abriter toute sa moisson. Heureusement, avant le lever du soleil, la fermière allume une torche pour réveiller le coq qui se met à chanter.
Belzébuth, surpris et furieux, s’enfuit en laissant la trace de ses griffes sur le menhir !
On peut remarquer qu’à cette époque le Malin n’était pas très malin !!!
Et encore, merci à la femme qui sauve l’homme!
Traces de « griffes » sur le menhir
Une autre variante de cette légende serait que le Diable aurait eu un accès de colère après avoir été vaincu par un moine pendant la construction de la grange.
Toujours pour le menhir de Lécluse, certains croient voir sur une des faces du mégalithe « la figure d’un diable à très longue queue et ayant dans ses bras une tête de bélier ». D’autres y voient la silhouette d’un nain ou d’un korrigan :
Ces mégalithes n’ont pas toujours été respectés comme il se doit.
Leur préservation est récente, quelques dizaines d’années seulement.
Je me souviens d’avoir visité les alignements de Carnac il y a 50 ans : c’était la foule, les sites transformés en aires de jeux pour enfants, les pique-niques, les papiers gras, etc.
J’y suis retourné en 2018 : les différents lieux sont mis en valeur, protégés par une clôture, un musée permet de comprendre ces monuments et ceux qui les ont édifiés.
De nombreuses questions restent sans réponse :
comment ces hommes ont déplacé des blocs de pierre de plusieurs tonnes ?
Comment les hisser pour en faire les « tables » des dolmens ?
Quelle structure sociale pour arriver à construire ces monuments ?
Pour quoi dans ces endroits-là ? Etc.
Tout cela s’est fait 2 à 3000 ans avant les pyramides d’Egypte !
Remarques sur le village de Lécluse.
1/ Dans nos cours d’histoire, nous avons appris que le village d’Astérix et Obélix résistait encore et toujours à l’envahisseur et qu’il était entouré des camps romains de Petibonum, Laudanum, Babaorum et Aquarium.
Pour Lécluse, c’est pareil !
Ce village du Nord est une enclave dans le Pas-de-Calais.
Il est entouré par les villages de Tortequesne, Etaing, Dury, Récourt et Ecourt Saint Quentin, tous situés dans le Pas-de-Calais !
C’est uniquement une mince bande de terre du village de Hamel qui le relie au Nord.
Je ne connais pas la raison administrative de cette situation.
J’émets l’hypothèse que Lécluse est resté dans le comté de Flandres lors de la constitution du comté d’Artois en 1180. Avant 1180, le comté de Flandre s’étendait à peu près de l’île de Walcheren au nord (actuellement dans les Pays-Bas) jusque vers Bapaume au sud.
En 1180, Isabelle de Hainaut épouse Philippe II de France (le futur Philippe Auguste), et sa dot est constituée du comté d’Artois qui est détaché du comté de Flandres.
Situé sur la rive de la Sensée, Lécluse devient alors un village à la frontière entre Flandre et Artois.
Il y avait d’ailleurs un important château construit sur une motte féodale. Ce château protégeait l’axe Douai-Bapaume.
Après l’annexion de la Flandre par Louis XIV en 1667 (guerre de Dévolution), le château de Lécluse perd de son importance, puis il est rasé sur ordre du roi.
Lors de la création des départements en 1790, Lécluse est inclus dans le département du Nord, puisqu’auparavant il était dans le comté de Flandre, contrairement aux villages voisins qui, eux, étaient dans le comté d’Artois.
C’est une simple hypothèse personnelle.
2/ Pour assurer la défense des zones ouest et nord de la citadelle de Lille, Vauban avait prévu d’inonder 1700 ha de terrain sous 50 à 60 cm d’eau, empêchant ainsi l’ennemi d’installer ses canons à portée de tirs.
La manœuvre des eaux commençait à Lécluse : les eaux de La Sensée se déversaient dans La Scarpe, puis de La Scarpe vers le canal du Nord, et de là vers Lille par tout un système de vannes et d’écluses.
L’inondation se produisait en 2 à 3 jours.
Ce système a été utilisé en 1708 (guerre de succession d’Espagne), lors du siège de Lille par le duc de Marlborough (l’homme de la chanson « Malbrough s’en va-t-en guerre », ancêtre de Winston Churchill), et le Prince Eugène de Savoie.
Phalempin 28/11/2020