ASSOCIATION des DIRECTEURS RETRAITES des LABORATOIRES VETERINAIRES DEPARTEMENTAUX
Vendredi 1er Juin 2018

Nous quittons momentanément le Bon Pasteur avec pour programme : 

  1. l’ancien Couvent de la Baumette, 
  2. le musée Jean Lurçat, 
  3. Terra Botanica, jardin botanique et parc d’attractions
 
8 h 40, rappel de l’horaire devant la belle horloge ancienne aux 4 cadrans, celle des premiers abattoirs d’Angers (1847), en lieu et place des tueries particulières en pleine ville, rue de l’Écorcherie. 

Sous un ciel gris, tranquille, nuages emmitouflés, 18° pour tous, nous passons le pont de la Basse-Chaîne, première évocation du bon roi René d’Anjou : les chaînes barrant la Maine aux intrus sur décision ducale en 1446. 

Après quelques kilomètres en aval d’Angers, sur la rive gauche, nous arrivons au rocher de Chanzé, bloc de schiste ardoisé, plongeant dans la Maine. 

Là, se dresse l’ancien couvent de la Baumette. 
Porte franchie et au pied d’un grand mur, Bernard Bourgeois, l’un des actuels propriétaires, nous accueille pour nous faire visiter le domaine .et nous transmettre son amour et sa passion.
 
En 1451, le roi René, duc d’Anjou et comte de Provence, achète pour son plaisir la propriété de Chanzé et les vignes alentours. Le roi René, émerveillé par les couleurs de la Provence, aménage les jardins. Il fait venir la lavande, l’œillet, la pivoine… des abricotiers, des orangers et même un micocoulier arbre d’ornement fort apprécié. 

Le 25 octobre 1452, il pose la première pierre d’une chapelle qu’il consacre par dévotion à Sainte Marie- Madeleine retirée dans sa grotte de la Ste Baume (baumette, du provençal basumo, grotte) puis la dotera de précieuses reliques. 

En 1456, le roi décide de la construction d’un couvent pour l’accueil des pèlerins. Il fait appel aux Cordeliers d’Angers. Évangéliser, soigner, s’instruire est leur devise. Ils créent une riche bibliothèque avec des livres rares dont un incunable imprimé à Mayence.

Pour bâtir un cloître en bois et les bâtiments conventuels, ils ont creusé, creusé, les Fransciscains, les Cordeliers, sur près de 20 mètres de profondeur dans le schiste ardoisé, à coups de pics et de burins, les fronts de taille subsistants de l’ancienne carrière d’ardoise. 
Avec l’Espérance, la Fraternité et le sentiment de bâtir pour l’Éternité, ils ont tenu jusqu’au bout ! 
140 ans plus tard, ils retournent à Angers. 
Les Récollets les remplacent pendant près d’un siècle avant de s’installer, eux aussi, à Angers afin de rencontrer les Angevins chez eux ! Ils reconstruisent le cloître en tuffeau, réhabilitent tous les bâtiments, aménagent des terrasses. 


 
Nous descendons ainsi de terrasse en terrasse, du jardin des plantes médicinales aux jardins d’agrément. 
La vue sur la Maine est magnifique : 
le château d’Angers, la cathédrale St Maurice, la collégiale St Martin, la tour St Aubain, les bois et prairies d’en face, l’escalier taillé dans la roche jusqu’à la Maine, le chemin de halage et plus loin vers l’aval, le célèbre pont de fer de Pruniers épargné en août 1944. 

Au pied du grand mur d’ardoise, front de taille, nous découvrons le cloître. 

Les arcades entourent la cour centrale au sol nivelé dans la roche, légèrement incliné pour l’évacuation des eaux de pluie vers la buanderie.

Le site est impressionnant et permet d’apprécier la qualité et l’ampleur des travaux accomplis ! 

Nous entrons dans la chapelle. Elle a conservé sa belle voûte en châtaignier de 1452. L’important autel offert en 1616 par le Maréchal de Brissac a été mis en danger lors de l’agrandissement de la chapelle et le percement d’une fenêtre. 

Après le temps religieux et la Révolution, la Baumette est vendue comme bien national en 1791. 
Vers 1830, Jules Cheux achète le domaine. 

Son fils Albert (1848-1914), comme le rappelle une inscription au fronton du portail d’entrée, s’illustre dans la météorologie. De la tour, haute de 20 mètres, édifiée pour l’observation des étoiles, il ne reste que le socle. 

De nos jours, le domaine appartient toujours à la famille. Les descendants l’entretiennent avec passion, mêlant le culte des Arts à celui du Divin.



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Rive droite de la Maine, en amont du Bon Pasteur, le musée Jean Lurçat, est installé dans l’ancien hôpital 
St Jean de Dieu fondé en 1174 à la demande de Henri II Plantagenêt désireux d’expier l’assassinat, par quatre 
de ses proches, de Thomas Becket. 
Notre guide Madame Jackie Charlot nous accueille. 
La tapisserie de Lurçat est exposée depuis 1968 dans l’ancienne salle des malades de style gothique angevin. Cette salle, longue de 60 mètres sous une voûte bombée, était jadis cloisonnée en un dortoir de chaque côté, 112 lits pour les femmes, 110 lits pour les hommes, afin d’accueillir les malades et parfois jusqu’à plusieurs par lit mais, ni les contagieux, ni les incurables, ni les dangereux, ni les jeunes enfants. 
À l’entrée, nous découvrons une belle apothicairerie. La boiserie est garnie de pots et chevrettes en faïence et d’un vase à thériaque en étain de 1720. 


Pour commencer la visite, Madame Charcot nous rappelle qu’il faut bien distinguer le métier de basse lisse, horizontal (Aubusson) du métier de haute lisse, vertical (les Gobelins). 

Jean Lurçat applique l’esprit médiéval et adopte la basse lisse. 

Pour réaliser la tapisserie, il faut entrecroiser des fils de trame colorés et des fils de chaîne. 
Le lissier tend des fils de chaîne sur la longueur entre 2 ensouples (rouleaux) puis en actionnant une pédale,
il écarte la nappe des fils de chaîne, pairs et impairs, afin de passer les fils de trame de couleur (dans la largeur) à l’aide d’une flûte (navette).
Le lissier suit le carton (modèle) placé sous les fils de chaîne. Il y a autant de flûtes qu’il y a de couleurs, on peut les mêler ou faire des dégradés. Les fils de trame sont tassés avec un peigne pour bien masquer les fils de chaîne.
Le lissier voit l’ouvrage sur l’envers : à l’aide d’un miroir, il peut en contrôler l’exécution. 


Jean Lurçat (1892 – 1966), peintre du dimanche à Nancy, prépare médecine puis abandonne et se passionne pour l’Art Nouveau pendant 2 ans. 

En 1912, il part à Paris. Il entre à l’Académie de sculpture Colarossi puis à l’atelier de gravure Bernard Naudin. Il découvre Matisse, Cézanne, Renoir et se lie avec Rilke, Ilya Ehrenbourg, Elie Faure, Vildrac, Bourdelle, JP. Laffitte. 

Engagé volontaire en 1914, malade, il est rapatrié. Il reprend la peinture. Renvoyé au front en 1916, il est blessé. Pour lui , cette fois, la guerre c’est fini mais il aura vu les tranchées. 

En 1917, il fait exécuter par sa mère, au point de croix, ses premières tapisseries. 
Dans les années 20, Jean Lurçat s’intéresse à la décoration. Il a des projets de papiers peints et tapis.

Il rencontre Marie Cuttoli, éditrice d’art passionnée de modernité. Leur collaboration pour le renouveau de l’art de la lisse va durer 20 ans. Jean Lurçat dessine des cartons pour des tapis qui sont tissés en Algérie par les brodeuses de la Médina. 

Dans les années 30, Il fait tisser une première tapisserie à Aubusson et une autre aux Gobelins. 

En 1937, l’État le missionne pour faire repartir les ateliers. Avec le lissier Tabard d’Aubusson, il met au point la technique des cartons numérotés avec des gammes de couleur réduites et lui fait exécuter ses cartons. 

De passage à Angers en 1938, il découvre la tenture de l’Apocalypse. 
1941-1944, membre du PCF, il participe à la Résistance dans le Lot. Il fait tisser « Liberté » d’après le poème d’Eluard. 

En 1957, après 19 années de gestation, il commence son « Chant du Monde ». 

Dans cette œuvre majeure, il exprime son ressenti violent des horreurs des guerres dont il a été témoin. 
Toute la folie des hommes, concentrée dans la bombe plus encore que dans la tuerie des tranchées, 
avant que l’homme ne se dépasse et retrouve la beauté du monde avec ou sans Dieu. 

L’œuvre se décline en 10 tableaux : 

1 - « La grande menace » c’est la bombe, c’est le danger majeur qui, non maîtrisé, sera définitif. 
Toute l’angoisse. 

2 - « L’homme d’Hiroshima » la nature, le patrimoine culturel, les pensées sont détruites. 
C’est l’enlisement général. 

3 - « Le grand charnier » c’est le tourbillon macabre. Seule la mort circule en une ronde infernale, seul un hasard pourrait permettre de la suspendre. 

4 - « La fin de tout » tout a disparu, la vie sur terre, jusqu’au soleil, jusqu’au cosmos. Il ne reste plus que la nuit noire et le silence absolu. 
 À peine imaginable ! 
d’où l’impérieuse nécessité du sursaut, du dépassement de soi avant la fin de tout. 
C’est au coeur de la menace que surgit l’espoir. 

5 - «L’homme en gloire dans la paix » la colombe de la paix a retrouvé le coeur de l’homme et la chouette veille encore : l’espoir, la renaissance, la joie. 

6 - « L’eau et le feu » deux éléments destructeurs, sources de vie pour peu que l’homme le veuille.
 
7 - « Champagne » la fête pour tous les êtres vivants. Tout est lumineux.

  
8 - « Conquête de l’espace » l’homme en mouvement comme le cosmos. L’immuable, le changement. 

9 - « La poésie » le panneau célèbre la sphère céleste avec les 12 signes du Zodiaque. Le Sagittaire, expression du chiffre 9, figure l’inspiration, la création, l’harmonie. 

10 - « Ornamentos sagrados » la mystérieuse 10ème tenture sortie des métiers après la mort de l’artiste. 
Des couleurs, des formes, du mouvement comme dans tout ce Chant. 
 
La ville d’Angers acquiert auprès de Madame Simone Lurçat « Le Chant du monde » et d’autres tapisseries et les exposent dans l’ancien hôpital St Jean : Musée Jean Lurçat et de la tapisserie contemporaine. 
 


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Terra Botanica



Un univers du végétal et de la biodiversité créé pour éduquer les petits et les grands dans le respect de la nature et aussi pour montrer le savoir faire de l’Anjou au travers de la botanique et de l’horticulture. 
Au total, un parc de 40 ha dont 12 ouverts au public et 275 000 végétaux venus du monde entier. 

Terra Botanica, c’est un peu le roi René amoureux des jardins et des plantes de sa chère Provence. 
Terra Botanica, ce sont les grands explorateurs botanistes : Jean Nicolas Collignon avec Lapérouse, 
les frères Aubert du Petit-Thouars à la recherche de Lapérouse disparu, 
Bory de St Vincent et Leschenault de La Tour de l’expédition Baudin. 
 

 

Nous parcourons les allées : 
Philodendrons dont les feuilles très échancrées oscillent sur leurs tiges souples pour donner lumière et chaleur aux petites plantes du dessous 
Anthuriums 
Spathyphyllums, fleur de lune détoxiquante (formaldéhyde...) 
Crotons toxiques, 
Cactus adaptés aux zones humides, 
Orchidées dont le vanillier et d’autres épiphytes, 
Pandanus de la mangrove, 
Paulownia tomentosa à fleurs violettes odorantes, 
Cornouiller sauvage au bois dur 
Le Bambou géant rapide... Phyllostachys bambusoïdes, pousses comestibles, échafaudages etc... 
prenant 80 cm/jour certains jours et le riz en terrasses. 
Papillons de la serre chaude qui volettent en liberté dans les brumes, 
Plantes carnivores en cage à belles dents colorées : Héliamphora chimentensis et Dionaea muscipula. 

 

Vite, vite… rendez-vous sous les «ombrières»  pour un rafraîchissement bien mérité ! 


 
Puis retour au Bon Pasteur, là même où, en 1454, le roi René épousait Jeanne, la fille du Comte de Laval qui lui avait cédé deux ans plus tôt le domaine de Chanzé ! 

Une journée bien remplie. 

                                                                                Texte et photos de Jean-Jacques Rodot
Programme
Châteaux - Mine 
Cave - Croisière
Couvent-Lurçat -
Terra Botanica
Collégiale - Galerie David d'Angers
VétoVermeil
Photo